Comme pour les pages consacrées à la maintenance et à la reproduction, il ne s'agit que d'une manière parmi d'autres pour élever des alevins de Betta splendens, celle que j'ai choisie. Ce n'est pas la seule.
A 28°, j'observe les premières éclosions après 36 heures.
Pendant les 48 premières heures, les alevins résorbent leur sac vitellin et sont incapables de se déplacer dans les trois
dimensions, nageant seulement de haut en bas (nage verticale).
N'ayant pas toujours l'énergie de regagner le nid de bulle, il reste dépendant de leur père qui, lorsqu'ils tombent du nid,
les gobent avant de les relâcher dans le nid de bulle ou juste en-dessous.
Problème rencontré : aucun, tous les mâles que j'ai reproduit jusqu'ici ont toujours exprimé le comportement approprié.
Dans le cas d'un mâle se nourrissant des alevins, il faudrait le retirer et abaisser le niveau d'eau (moins d'un cm) pour
permettre aux alevins de regagner seuls le nid de bulle.
Les alevins les plus précoces atteignent la nage libre 24 à 36h après l'éclosion, la majorité
à la fin du deuxième jour. Je commence à les nourrir avec des anguillules du vinaigre qui resteront
la principale source de nourriture jusqu'à la fin de la première semaine.
Dès que les premiers alevins sont en nage libre, si je ne l'ai pas fait auparavant, je retire les pots en terre cuite et je
siphonne les déchets accumulés au fond du bac pour atteindre un niveau d'eau de 4 à 5 cm.
Selon son état de fatigue, je retire le mâle au même moment ou un peu plus tard. Il m'est arrivé de retirer un mâle 5 jours
après l'éclosion sans constater de prédation sur les alevins.
Généralement le mâle stationne sous le nid de bulle où il est difficile de le récupérer... soit je l'attire en plaçant un
miroir contre la vitre avant du bac et je l' "aspire" dans un gobelet en plastique, soit j'utilise l'épuisette. Si quelques
alevins sont récupérés en même temps que le mâle, je les "re-pêche" à l'aide d'une seringue de 20 ml (sans aiguille) avant
de les relâcher dans le bac de reproduction. Une fois le mâle retiré, j'éteins la lumière la nuit.
Problème rencontré : Lors de ma première reproduction, je ne disposais pas de souche de nourriture vivante.
J'ai nourri les alevins avec des aliments secs en poudre destinés aux alevins ovipares. Ce type d'aliment est peu appétent pour
les alevins de Betta splendens qui ne l'ont pas consommé. L'accumulation de la poudre au fond du bac, nourrissage après
nourrissage, ainsi que le manque de nourriture sont certainement les causes de la perte de plus de 75% du frai avant le 10ème
jour.
Solution testée: nourrir avec du vivant.
Cette première expérience malheureuse a néanmoins prouvé que les plantes présentes dans le bac de reproduction produisaient
suffisamment d'infusoires pour la survie d'une quarantaine d'alevins sans les nourrir pendant une dizaine de jours.
J'arrête progressivement de distribuer des anguillules du vinaigre aux alevins, que je remplace par des
microvers et des nauplies d'artémias.
J'effectue le premier changement d'eau au 8ème jour des alevins en renouvelant 1 litre d'eau. L'eau usée passe par un
diffuseur d'air en forme de cylindre situé à l'extrémité d'un tuyau à air d'un diamètre de 5 mm ce qui évite d'aspirer les
alevins mais ne permet pas de siphonner les déchets situés au fond du bac. L'eau propre est ajoutée au goutte-à-goutte : une
bouteille de 5 litres remplie avec le volume nécessaire est placée en hauteur, un tuyau à air relie cette bouteille au bac de
reproduction, le débit est réglé à l'aide d'un robinet à air. Après quelques jours, j'augmente progressivement le niveau d'eau
en fonction de la taille du frai et de sa croissance de manière à éviter que les alevins se nagent dessus. J'atteins le niveau
d'eau maximal au cours de la 3ème semaine.
Généralement vers la fin de la 2ème semaine, les alevins sont assez dégourdis pour que je puisse siphonner les déchets au
fond du bac sans trop en aspirer. J'utilise un tuyau à air avec, à son extrémité, une paille. Pour limiter les risques
d'aspiration des alevins, je les nourris peu avant de nauplies ce qui a pour conséquence de les voir monter à la surface
pour la digestion... le sol est ainsi presque totalement dégagé pour être correctement nettoyé. Les inévitables empêcheurs de
tourner en rond sont récupérés à la seringue si leur taille le permet, sinon il faut s'armer de patience et les récupérer un
à un avec un petit gobelet en plastique (bouchon d'une fontaine d'eau minérale de 8L).
Depuis quelques reproductions, je mets deux ou trois planorbes dans les bacs de reproduction à partir du 8ème jour.
Les planorbes se nourrissent des déchets mais en créent également, seulement leurs déchets sont plus facilement siphonnés.
La croissance de mes planorbes est bien plus exceptionnelle que celle de mes alevins.
Problème rencontré : Une forte mortalité entre le 10ème et le 15ème jour.
Solution testée : Cette forte mortalité était probablement la conséquence d'une sous-alimentation les tous premiers jours de
la nage libre et/ou à une trop grande dispersion de la nourriture. J'ai réduit le niveau d'eau de 8-10 cm à 4-5 cm de la nage
libre à la fin de la première semaine et ajusté la quantité d'anguillules distribuées en fonction du comportement des alevins.
Lorsque les anguillules viennent à manquer, les alevins se concentrent autour des boules de Cladophora sur lesquelles ils se
nourrissent d'infusoires. En fonction de la taille du frai, la quantité d'anguillules distribuée varie de une à trois seringues
de 10 ml concentrée(s) en anguillules.
Problème rencontré : Un très fort pourcentage (jusqu'à 90%) de barboteurs à partir de la 3ème
semaine.
Solution testée: Je n'ai pas rencontré de problèmes de barboteurs pour mes trois premiers frais, sans doute à cause d'une
sous-alimentation en nauplies... mais pour les six frais suivants, sans doute à cause d'une sur-alimentation en nauplies.
Les barboteurs sont des alevins incapables de maintenir une flottaison horizontale à cause d'un mauvais développement ou de
l'absence de développement de la vessie natatoire. Ils nagent la queue tombante puis, peu à peu, restent au fond du bac et
deviennent incapables de venir respirer l'air à la surface au moment de la formation du labyrinthe.
Pour limiter le risque de voir apparaître des barboteurs, j'ai arrêté de nourrir les alevins uniquement avec des nauplies,
mais en alternant un jour sur deux les nauplies avec des microvers.
Avec ce mélange, la croissance des alevins est plus lente qu'avec une nourriture uniquement composée de nauplies mais c'est
pour l'instant la meilleure solution que j'ai trouvé pour éviter les barboteurs. J'augmente la quantité et la fréquence des
nourrissages seulement lorsque la vessie natatoire des alevins atteint le pédoncule caudal ce qui se produit, avec la vitesse
de croissance actuelle, vers l'âge de 5-6 semaines.
C'est aux environs de la 4ème semaine, parfois un peu avant, que la surface de mes bacs se couvrent de petites bulles
indiquant que les alevins viennent respirer à la surface grâce leur labyrinthe.
Dès que les alevins ont pris l'habitude de venir régulièrement en surface, j'ajoute à l'alimentation la première nourriture
non-vivante : des oeufs d'artémias décapsulés. La première distribution est très minime pour
permettre aux alevins de découvrir cette nouvelle nourriture. J'effectue un changement d'eau juste après pour éliminer ce qui
n'est pas consommé. Les oeufs d'artémias décapsulés deviennent progressivement la principale source de nourriture pour remplir
les ventres. Je continue à distribuer des microvers, et les nauplies deviennent une "friandise".
Les changements d'eau sont conditionnés par mon emploi du temps, plus que par autre chose. Dans l'idéal, 90% du volume est
renouvelé chaque jour. Au pire, j'essaie de maintenir un rythme avec 90% d'eau renouvelé un jour sur deux et 50% le jour
suivant. Je nettoie les parois latérales et le fond du bac à l'aide d'une éponge une à deux fois par semaine pour éliminer
le dépôt que les planorbes ne parviennent pas toujours à faire disparaître. L'eau propre, étant chauffée à la même température
que celle du bac, le remplissage se fait robinet complètement ouvert.
Problème rencontré : Il ne s'agit pas véritablement d'un problème mais de l'interprétation abusive d'un débutant de la
sensibilité des alevins au courant d'air pendant la formation du labyrinthe.
Lors de mes premières reproductions, j'utilisais des bacs avec un couvercle refermable. Ce couvercle était percé d'un trou
permettant le passage d'un tuyau à air pour l'arrivée d'eau, d'un second trou pour l'évacuation de l'eau et d'un troisième
par lequel je distribuais la nourriture. Le tout était généreusement recouvert de film étirable pour être encore un peu plus
hermétique. Le principal inconvénient de cette installation : l'impossibilité de siphonner les déchets entre la 2ème et la
6ème semaine, période très large permettant d'inclure tous les cas de figure de développement du labyrinthe selon la vitesse
de croissance du frai.
Avec le temps, on s'aperçoit que la fragilité de ces minuscules poissons n'est qu'apparente... mes bacs sont toujours
recouverts d'une plaque de plexiglas mais je la soulève chaque jour pour le nettoyage, et ce, y compris pendant la période
de formation du labyrinthe. La seule précaution que je prends, c'est de ne jamais nettoyer un bac de jeunes alevins la fenêtre
ouverte.
Autres anecdotes m'ayant convaincu de la solidité des alevins : un thermoplongeur que j'oublie de rebrancher pendant deux
jours ou un traitement avec un mélange de différents médicaments aux doses prescrites pour des adultes pendant plusieurs jours
alors que les alevins n'étaient couverts que des poussières du fond dans lesquelles ils récupéraient les microvers, le tout
sans perte.
C'est vers l'âge de 6 semaines que les alevins connaissent leur premier déménagement. A l'aide d'un tuyau de 7 mm de diamètre
pour ne pas inutilement les sortir de l'eau, je les fais passer du bac de reproduction au bac de croissance situé juste en
dessous dans mon installation.
Mes bacs de croissance font environ 45 litres et sont équipés d'un filtre-mousse alors que les bacs de reproduction sont
non-filtrés. Avant d'y transférer les alevins, je les remplis de 20 litres d'eau neuve puis, après avoir aspiré le plus gros
des déchets du bac de reproduction, je transfère les alevins avec environ 10 litres de l'eau vieillie du bac de reproduction.
Une fois que tout a décanté dans le bac de croissance, je siphonne les déchets. Je remplis à 95% le bac de croissance après
quelques jours surtout si le frai est important.
A ce stade, je n'ai quasiment plus de pertes. Seuls les retardataires font l'objet de la convoitise des plus développés du
frai.
Les oeufs d'artémias décapsulés constituent toujours la principale source de nourriture avec comme complément des microvers
jusqu'à ce que les alevins se lassent de ces derniers. Les oeufs décapsulés sont progressivement remplacés par des
micropellets de 0.6 puis 1.2 mm de diamètre, une nourriture favorisant la croissance mais très salissante.
J'effectue des changements d'eau aussi souvent que possible, au minimum 50% chaque jour mais j'essaie le plus souvent de changer
entre 75 et 80% chaque jour.
Grâce à un volume plus important et, certainement au changement de nourriture, c'est la période de croissance la plus spectaculaire
pour mes derniers frais.
Ma méthode reste encore très largement perfectible mais je suis parvenu à résoudre les deux principaux problèmes rencontrés
jusqu'ici, à savoir 1. une forte mortalité entre le 10ème et le 15ème jour et 2. un fort pourcentage de barboteurs à l'âge
d'un mois.
Je suis maintenant confronté à un problème d'un tout autre genre : gérer la séparation de frai d'une centaine de jeunes Bettas.
Jusqu'ici l'âge de séparation se situait plutôt aux environs de 4 mois mais pour les derniers frais, l'agressivité précoce
des uns ou la meilleure croissance des autres tend à faire coïncider les premières séparations avec l'âge de 3 mois.
Je dispose de 21 bacs de 2 litres et de 72 bacs d'1 litre pour séparer les jeunes.
Les bacs de 2 litres sont réservés en priorité aux jeunes mâles des variétés à voiles longs, les bacs d'1 litre aux jeunes
mâles des variétés à voiles courts... les femelles, moins agressives, pouvant cohabiter plus longtemps dans le bac de
croissance.
Différents systèmes permettent d'isoler visuellement tous les Bettas séparés les uns des autres.
Pour chauffer ces bacs, j'utilise des câbles chauffants qui circulent sous une plaque de carlène sur laquelle sont posés les
bacs. Le tout est entouré d'un coffre fait de tasseaux de bois de 13x9 mm. Les câbles chauffants sont reliés à un thermostat
réglé sur 25-26°.
Ces bacs individuels occupent les trois étages supérieurs de la bettagère où se trouvent les bacs de reproduction et de
croissance.
L'eau de chaque bac est changé totalement deux fois par semaine.
Lorsque les jeunes sont encore nourris avec des micropellets (diamètre 1,2 mm), je rince le bac à l'eau chaude un changement
sur deux... en prenant soin de retirer le Betta au préalable.
Lorsqu'ils sont nourris avec la même nourriture que les adultes, ces rinçages à l'eau chaude deviennent plus
espacés dans le temps, les parois se salissant moins rapidement.
La bettagère dédiée aux reproductions et à la croissance est organisé de la manière suivante, avec de haut en bas :
Dans l'absolu, j'aimerai pouvoir voir tous les Bettas séparés en même temps... mais il faut faire avec la place disponible.
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