Comme pour les pages consacrées à la maintenance et à la croissance, il ne s'agit que d'une manière parmi d'autres pour reproduire des Betta splendens, celle que j'ai choisie. Ce n'est pas la seule.
Une à trois semaines avant la reproduction, je nourris plus abondamment le mâle et la femelle choisis, de préférence avec
du vivant ou du congelé (artémias, vers de vase, etc...).
Chez le mâle, je n'ai pas remarqué de changements flagrants, l'important étant qu'il ait des réserves suffisantes pour
affronter le jeûn de quelques jours que lui demande ce protocole de reproduction.
Chez la femelle, le ventre se gonfle et chez une femelle de couleur claire, je peux voir par transparence la poche ovarienne
se remplir d'oeufs.
J'ai besoin au strict minimum d'un mâle, d'une femelle, d'un bac, d'un chauffage, d'un thermomètre, de cachettes pour la femelle (plantes, pot en terre cuite, etc...) et d'un support pour le nid de bulle (feuille de catappa ou morceau de polystirène).
J'utilise pour les reproductions des "bacs à tortue" de 35 x 25 x 18 cm soit environ 15 litres que je remplis aux
deux-tiers.
Mes premières reproductions se sont déroulées dans les mêmes bacs que ceux utilisés pour la maintenance (volume = 5 litres),
ainsi que dans des bacs de 34 x 17 x 22 cm soit environ 13 litres. La surface au sol importante constitue le principal avantage
des bacs à tortue. Elle offre à la fois un volume plus conséquent à hauteur d'eau égale et une plus grande distance entre la
zone dédiée à la construction du nid et celle dédiée aux cachettes.
Le bac est posé sur un fond noir (feutrine) ce qui rend les oeufs (blancs) plus visibles lorsqu'ils tombent au fond du bac
au moment de la ponte.
Trois des quatre côtés du bac sont recouverts de feuille de mousse (néoprène) pour isoler visuellement le couple des autres
Bettas pendant la reproduction. Bien évidemment, je n'ai pas recouvert la face avant mais les faces latérales et celle du fond
pour être en mesure de surveiller la reproduction.
Enfin, le bac est recouvert d'une plaque de plexi pour éviter les courants d'air, et comme pour les bacs de maintenance,
éviter que les adultes ne sautent hors du bac.
Bien que mes première reproductions se soit déroulées dans de l'eau de robinet, très calcaire sur Montpellier, j'utilise
actuellement de l'eau osmosée à laquelle j'ajoute des sels de preiss (15 ml pour 100 litres), du sel de mer (1 g/L) et de
l'Atison's Betta Spa d'Ocean Nutrition (5 ml pour 4 litres).
Ce dernier "ingrédient" n'est pas indispensable. Il s'agit principalement d'un mélange d'extraits de catappa et de sels.
Il m'arrive de le remplacer par une feuille de catappa que je laisse infuser. Je pourrais également très bien me passer de
catappa, mais celle-ci est censé assurer une meilleur adhésion des bulles entre elles ainsi qu'au support et donner à l'eau
une composition physico-chimique proche de celle rencontrée par les Bettas en milieu naturel.
L'eau est chauffée à 28°C par un chauffage de 25W.
J'utilise une feuille de catappa comme support pour le nid. J'utilise de préférence une vieille feuille qui ne diffusera
plus de tanins. Une feuille de catappa particulièrement active peut rendre l'eau quasiment noire en 24 heures !! Si je n'ai
plus de vieilles feuilles et que j'utilise une "nouvelle" feuille, j'effectue un changement d'eau à 80% après 24 heures afin
d'éclaircir la coloration de l'eau. D'un point de vue personnel, l'avantage du Betta Spa réside dans la possibilité de le doser,
et par conséquent, de doser la coloration de l'eau induite par la catappa.
J'ajoute 2 boules de Cladophora qui serviront à la fois de cachettes pour la femelle et de distributeurs d'infusoires pour les
alevins les premiers jours ainsi que 3 à 4 pots en terre cuite couchés sur le côté, toujours pour permettre à la femelle de se
dissimuler à la vue du mâle si celui-ci devait se montrer trop agressif.
Avant les pots en terre cuite, j'utilisais de la mousse de java mais je trouvais qu'elle produisait énormément de déchets même
en ne la laissant que le temps où mâle et femelle coexistent dans le bac de reproduction. Les pots en terre cuite présentent
également l'avantage de se ranger plus facilement une fois la reproduction terminée !!
Je le récupère dans son bac de maintenance avec un pot ou un gobelet en plastique (30 à 50 cl) que je place au bain-marie dans le bac de reproduction une à deux heures, le temps que la température de l'eau de maintenance (25°C) monte progressivement à la température de l'eau du bac de reproduction (28°C). Cela m'évite également de sortir le mâle de l'eau entre les deux bacs et épargne le risque inutile, pour les variétés à voiles longs, de leur abîmer les voiles avec l'épuisette.
... pendant 24 à 48 heures tout en continuant de le nourrir, le temps qu'il prenne possession des lieux et, le plus souvent,
entame la construction du nid de bulle.
Ce changement d'eau (passage du bac de maintenance au bac de reproduction) est favorable à la construction du nid de bulle.
L'Atison's Betta Spa et/ou la feuille de catappa et une température plus élevée doivent également jouer un rôle dans le
déclenchement du comportement de construction du nid.
Comme pour le mâle, je récupère la femelle dans son bac de maintenance avec un pot en plastique (30 à 50 cl) qui est mis
une à deux heures au bain-marie dans le bac de reproduction.
Je place ensuite la femelle "sous cloche". Dans mon cas, la cloche est un verre en plastique de 50 cl dont le fond a été
découpé. Le gobelet est posé à l'envers sur le fond du bac et émerge d'un bon centimètre. Pour que ce soit le cas, il faut
que je diminue quelque peu le niveau d'eau. J'en profite pour siphonner les déchets qui se sont accumulés au fond du bac
depuis la mise en eau.
A la vue de la femelle, le mâle, s'il ne l'a pas déjà fait, devrait "buller" entre deux visites à la femelle.
Pendant cette période de présentation, je continue à nourrir les deux adultes.
Il est rare que je n'atteigne pas sans encombre cette septième étape, sauf maladresse éventuelle, puisque tout dépend
de ma bonne volonté.
Il en sera tout autrement dans la suite du processus de reproduction...
Quand le faire ? Il n'y a pas de règle, je me décide en fonction du comportement des deux adultes.
Une femelle prête à se reproduire tient généralement tête au mâle lorsqu'il s'approche, s'active frénétiquement contre la paroi
du gobelet la plus proche du nid, se strie verticalement (des bandes noires verticales apparaissent sauf chez les femelles de
couleur claire) et se tient la tête en bas.
Quand au mâle, il effectue des va-et-vient incessants entre la femelle et le nid pour l'inciter à l'y rejoindre.
Quel que soit le comportement des deux adultes, je laisse la femelle en présentation "sous cloche" pendant un minimum de 24
heures. Le plus souvent, je la mets en présentation peu avant l'extinction de l'éclairage et je la lâche le surlendemain, une
demi-heure à une heure après l'allumage de l'éclairage.
... surtout s'il s'agit d'une première reproduction ou d'une première rencontre.
Une fois la femelle lâchée, le mâle parade autour d'elle puis retourne sous son nid, répétant inlassablement ce manége.
Rarement, la femelle file directement sous le nid !! Mais le plus souvent, il faut un petit temps à ces deux solitaires
territoriaux pour accorder leurs violons et se tolérer dans un si petit espace (sous le nid).
Cette période est celle des "légers" pincements sur le corps et/ou sur les nageoires ce qui peut entraîner le déchirement
de ces dernières. La zone de cachettes prend ici toute son utilité pour permettre à la femelle de se soustraire à l'agressivité
du mâle... mais il m'arrive également de temps en temps d'observer l'inverse, question de tempérament de l'un et de l'autre.
Par contre peu importe le nombre de cachettes, elles n'empêcheront pas d'éventuels accrocs dans les nageoires lorsque les
deux partenaires seront à proximité, ce qui est fortement souhaitable pour la reproduction.
Si la femelle est prête à s'accoupler avant le mâle, elle ira le rejoindre sous le nid mais essuiera en échange une charge...
et pourra y laisser un morceau de nageoire.
Il arrive également, notamment lorsque la femelle est de taille équivalente ou supérieure à celle du mâle, que ce dernier -
bien que tout aussi prêt à se reproduire - tarde à enlacer cette impressionnante femelle ce qui peut engendrer, avec le temps,
une augmentation de l'agressivité de la femelle qui pourra alors évacuer sa "mauvaise humeur" sur les nageoires du mâle.
Si les dommages dans les nageoires de l'un ou de l'autre deviennent trop important, je peux mettre fin à la reproduction,
laisser-faire en espérant que l'accouplement ne tarde plus ou séparer momentanément les deux adultes : cela dépend de ma
sensibilité du moment.
Il m'arrive de remettre la femelle sous cloche, le temps que l'agressivité ambiante retombe à un niveau tolérable avant de
relâcher la femelle. Ce processus de lâcher-recapture peut être répété plusieurs fois tant que les deux adultes expriment un
comportement reproducteur. Si l'un des deux se désintéresse totalement de l'autre, reste prostré dans son coin ou si le
comportement agressif s'impose au comportement reproducteur à chaque lâcher de la femelle, je n'ai pas d'autre choix que
d'accepter cette incompatibilité - potentiellement passagère - est de reprendre à l'étape 1.
La seconde fois sera peut-être la bonne, à moins que ce ne soit la troisième, ou la quatrième... Il n'y a pas de règle quand
au nombre de tentatives de reproduction que je tente entre le même mâle et la même femelle avant d'abdiquer face à des échecs
répétés.
Si la reproduction n'a pas eu lieu au moment de l'extinction de l'éclairage mais que rien n'indique qu'elle ne pourra avoir
lieu le lendemain, je préfère remettre la femelle "sous cloche" pour la nuit, depuis la quasi-destruction des voiles de l'un
des mâles au cours d'une seule nuit. Je nourris les deux adultes. Le lendemain, une demi-heure après l'allumage de l'éclairage,
je reprends à l'étape 7.
Après un temps plus ou moins long... fait de courses-poursuites, d'échanges plus ou moins violents, mâle et femelle se
retrouvent ensemble sous le nid. Tout comportement agressif a disparu et ils se tournent autour, tentant de se remémorer la
position idéale du kamasutra illustré pour Betta splendens.
Enfin, la femelle approche le mâle dans la bonne position et celui-ci l'enlace correctement !!!
Lors des premiers enlacements, il arrive fréquemment qu'aucun oeuf ne soit expulsé par la femelle. Mais tôt ou tard, chaque
enlacement provoquera l'expulsion de chapelets d'oeufs. Mieux vaut tôt pour éviter qu'au moment du plus gros de la ponte, le
mâle ait vainement épuisé son stock de gamètes - qu'il libére à chaque enlacement - et ne puisse plus féconder les oeufs !!!
Après chaque enlacement, la femelle reste inerte quelques secondes. Pendant ce temps, le mâle récupère un maximum d'oeufs et
les place dans le nid de bulle. A son réveil, la femelle se précipite elle aussi sur les oeufs... pour, en règle générale, les
manger. Fruit du hasard, jusqu'à présent, j'ai reproduit plus de femelles qui aident le mâle à placer les oeufs dans le nid que
de femelles qui s'en nourrissent... et un mâle qui restait inerte plus longtemps que la femelle après chaque enlacement, lui
laissant la charge de ramasser la majorité des oeufs.
La durée de la ponte est variable (une à quelques heures) et ne détermine en rien le nombre d'oeufs pondus, encore moins le nombre d'oeufs fécondés. La fin de l'accouplement se traduit par une reprise de l'agressivité du mâle qui chasse la femelle sans ménagement, la considérant dès lors comme une menace pour sa future progéniture. C'est la fin de la colocation dans le bac de reproduction !!!
Dès les premiers signes d'agressivité du mâle, je récupère la femelle en créant un minimum de perturbation dans le bac.
Généralement, j'attends qu'elle vienne prendre de l'air à la surface et je l' "aspire" dans un gobelet en plastique avec un
peu d'eau du bac de reproduction. Je peux également remplir au préalable le gobelet avec l'eau du bac et capturer la femelle
à l'épuisette pour ne pas engendrer le plus ou moins léger courant provoqué par l'aspiration dans le gobelet.
"Home, sweet home" pour la femelle qui retrouve son bac de maintenance en restant dans le gobelet le temps d'égaliser la
température. J'ajoute à l'eau de maintenance du Betta Spa dosé à 1 ml/l (là encore, préférence personnelle mais une feuille
de catappa active fait tout aussi bien l'affaire). Lors du prochain changement d'eau, je me contente de siphonner le fond du
bac et de retirer la moitié du volume avant de compléter avec l'eau de maintenance. Au changement d'eau suivant, je reprends
la maintenance habituelle.
Je peux également remettre la femelle sous cloche et la laisser ainsi dans le bac de reproduction pendant que le mâle veille
sur les oeufs. La vue de la femelle pourrait favoriser le comportement de "gardiennage" chez le mâle et éviterait ainsi qu'il
ne désintéresse du nid et de la ponte qu'il contient. Je ne retire la femelle qu'après l'éclosion des oeufs... ou au même
moment que le mâle.
Je m'assure toutefois que le mâle, après quelques heures, ne consacre pas plus de temps à parader autour du gobelet qu'à
s'occuper des oeufs. Si c'est le cas, je retire la femelle du bac de reproduction.
Le mâle reste sous le nid, le fortifiant de temps en temps et remontant le moindre oeuf qui vient à se décrocher du nid.
Dans ce cas, je n'ai rien d'autre à faire que patienter, ce qui a toujours été le cas jusqu'ici. Je laisse une lumière allumée
en continu le temps de l'incubation.
Le mâle pourrait se désintéresser de la ponte ou se mettre à manger les oeufs. Dans ce cas, il est conseillé de le retirer,
d'abaisser le niveau d'eau à 1 cm ou seulement quelques mm, d'ajouter du bleu de méthylène et d'espérer quelques éclosions.
Je n'envisage pas pour l'instant de tenter cette "naissance artificielle" si l'un de mes mâles n'exprimait pas le comportement
adéquat.
Les mâles éliminant les oeufs non-fécondés, je ne m'inquiète pas de les voir manger des oeufs surtout après un accouplement
très long (jusqu'à 6 heures) si la majorité des oeufs a été pondue la dernière heure.
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